Les Avant-Premières Jeunes : la curée du jeune balletomane

Lorsque la création des avant-premières jeunes a été annoncée, un doux vent de volupté à soufflé chez les balletomanes de moins de 28 ans, comme votre serviteur : ENFIN, de belles et bonnes places au tarif unique de 10€, adapté à nos petits porte-monnaies, une ouverture de la culture au jeune public excitante et de circonstance ! Le rêve absolu quoi…Le succès est immense. En même temps, c’est normal. Même si il est possible de trouver des places petit budget, une telle activité reste tout de même appelée par les balletomanes « chasse à la licorne » et pour cause : la traque est parfois difficile, dangereuse (le nombre de crise de nerf de spectateur sans place à une semaine de la première….) et risquée (« bah, je cherchais une licorne à 20€, mais j’ai trouvé une place à 125€ et c’est tout ce qui restait, alors… »).

Et là, ô joie, ô bonheur, ô doux privilège de la jeunesse, l’Opéra de Paris, dans son incommensurable bonté, nous propose à intervalles réguliers un véritable lâché de licornes !!! Voici venue le bonheur sur terre, l’égalité entre les spectateurs, l’amour dans les cœurs, le temps béni où de juvéniles balletomanes courant dans de verts pâturages vêtus de pagnes et de colliers de fleurs attraperaient des licornes à foison… !

MENSONGE. Moi blogueur engagé, je dénonce. Il est temps de rétablir la dure réalité :

J-360 : Les dates des Avant-premières jeunes sont annoncées sur le site de l’Opéra de Paris. Consciencieusement, les jeunes veneurs notent sur leurs calendriers les dates d’ouvertures de la chasse. Calendrier papier, électronique, chacun sa méthode. Mais en tous cas, les dates sacrées sont notées, et nos braves rassurés peuvent attendre patiemment et la conscience tranquille.

J-10 : Après des semaines de calme, le chasseur se réveille doucement. Chez les adeptes de la méthode high-tech, tablettes et smartphones lancent leurs premières alarmes.

J-7 : Nouvelles alarmes, les réseaux sociaux commencent à s’agiter. Les sonneurs rappellent à coup de tweets et de messages Facebook l’arrivée prochaine du jour tant attendu. Anxieusement, le jeune chasseur vérifie où il sera et ce qu’il fera au jour J à l’heure T.

J-1 : Panique à bord, c’est demain ! Le jeune balletomane annule ses engagements, sèche la soirée d’anniversaire de son/sa meilleur(e) pote et refuse tout afterwork ou sortie quelconque. Mission : se coucher tôt, pour être frais et dispo pour le grand jour.

J: Réveil. Trente alarmes se déclenchent, les messages de rappel inondent les comptes de réseaux sociaux, un mot d’ordre général est sur toutes les bouches et tourne en boucle dans tous les esprits : C’EST AUJOURD’HUI-C’EST AUJOURD’HUI-C’EST AUJOURD’HUI.

9h30 : En embuscade, le guetteur de licorne tente de donner le change. Se mettant en mode automatique, il vaque à ses activités habituelles sans avoir la moindre idée de ce qu’il est en train de faire. Cours pour les uns, boulots pour les autres, ils sont présents physiquement mais mentalement ailleurs. Et souvent d’une humeur de chiotte.

10h : Brenda de la compta ou Kevin le voisin d’amphi demande si notre brave balletomane est disponible à 11h15 pour « voir un truc ». Réponse : « MAIS QU’EST CE QUE VOUS AVEZ TOUS A ME FAIRE **** AUJOURD’HUI ???!!! ». Dommage Brenda, dommage Kevin, mais rien de personnel, ne le prenez pas mal.

AAAAAHHH

10h30 : Humeur de chiotte donc, mais à l’approche du combat, l’heure est aussi à la solidarité avec les camarades. Nous assistons donc à une manifestation de compassion envers @kikiladanseuse, contact numérique bloquée dans un lieu quelconque dépourvu d’un réseau suffisamment puissant pour lui permettre de faire autre chose que de partager sa détresse (train/maison de sa grand-mère/amphithéâtre pourri, cochez la bonne réponse).

10h45 : Est-ce que je me connecte maintenant au cas où ils mettraient les places plus tôt ou bien c’est pas raisonnable ?

10h50 : Intense séance de questionnements intérieurs.

11h : Les plus aguerris se connectent au site de l’Opéra de Paris. Oui, c’est tôt, mais on n’est jamais trop prudent ma brave dame.

11h05 : Un balletomane maniaque et original s’interroge sur la pertinence de réserver une place sans connaître la distribution. Pas con. Mais 10€, ça justifie tout.

11h10 : Vent de panique chez les chasseurs de licornes qui réalisent qu’ils ne connaissent plus leur mot de passe pour se connecter à leur espace perso sur la billetterie.

11h15 : Les yeux rivés sur l’horloge, certains se disent qu’il est encore trop tôt mais qu’il va falloir sérieusement penser à abréger cette réunion. D’autres recherchent l’endroit où ils capteront le mieux possible.

11h17 : Armée de son portable et de sa carte bleue, @kikiladanseuse pleure de bonheur et de reconnaissance après avoir réussi à capter du réseau, hissée sur le pommier du fond du jardin.

11h20 : Après avoir alterné entre le site de l’Opéra et sa boîte mail, tout le monde a retrouvé son mot de passe pour accéder à la billetterie/a créé son compte. On est bon, on est bon !

11h25 : Le chasseur est en place. Chacun étant intimement persuadé qu’il est le seul à avoir envisagé l’improbable possibilité que l’heure de l’Opéra avance de 5 minutes.

11h26 : Première vague d’actualisation de la page.

11h27 : Chez 50% de nos jeunes chasseurs, le site plante. GAME OVER.

11h28 : Deuxième vague d’actualisation de la page. @kikiladdanseuse perd sa connexion, défaille, tombe du pommier, fait tomber sa carte bleue dans le puits de Grand-mère et se fracture les deux tibias.

11h29 : Chacun actualise frénétiquement la page de réservation, martyrisant méthodiquement la touche « entrée » de son clavier.

Quand tu cherches une place sur la bourse

11h30 : LÂCHE DE LICOOOOOORNES !!!

Laché de licornes

11h30 et quelques secondes : La curée commence, tels une meute de chiens affamés depuis deux semaines les spectateurs potentiels de moins de 28 ans se ruent sanguinairement sur le gibier offert à sa convoitise.

11h31 : Découverte avec bonheur d’une formidable invention de notre siècle : j’ai nommé la file d’attente virtuelle. Si, si. Une petite jauge de temps apparaît sur votre écran, et vous indique que vous accéderez au précieux sésame dans 10 ou 15 minutes.

11h32 : Angoisse palpable.

11h33 : « Eh, t’y es arrivé ? Si tu peux, t’en prends deux hein ? ».

11h44 : 10, 9, 8, 7, 6…Non, c’est pas le 31 décembre.

11h45 : Heure du bilan. Soit le chasseur a eu sa licorne, il danse la vie comme jamais et vous pouvez lui demander tout ce que vous voulez, sauf sa précieuse place. Soit il est bredouille, et prêt à vendre père et mère pour avoir une place à 10€. Le pire de tout : il est arrivé au bout de la « file d’attente », et le site lui annonce qu’il n’y a plus de place. D’autres auront abandonné plus tôt dès les premiers échos d’épuisement des billets.

11h47 : Heure du bilan n’°2 : à la grande loterie du placement (ce dernier étant automatisé), qui se paie le luxe d’un fauteuil en parterre et qui se retrouve à l’amphithéâtre ? Ô injustice…

Bilan final : plusieurs milliers de connexion, 700 satisfaits, des cris de bonheur, des imprécations contre l’Opéra de Paris, des rancœurs à vie, plusieurs ordinateurs en surchauffe et une blessée grave. VOILA, Mesdames et Messieurs, la réalité des Avant-premières jeunes : une hystérie collective sans commune mesure.

Morale : Pour une place à 10€ à l’Opéra, un jeune est prêt à faire n’importe quoi. Et, comme c’est cocasse, les billets à 50€ ne font pas du tout le même effet…je vous laisse réfléchir là-dessus, j’ai mon calendrier à annoter pour les AVP de la saison prochaine.

18 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Léa dit :

    Votre récit me rappelle la curée des plus de 28 ans, le matin à 9h, pour avoir des places à 25 euros…. (ou à 15 €). Ou les jours de spectacles pour avoir une place au même prix sur la bourse aux billets pour le soir-même.
    Comme quoi, il y a des joies de la jeunesse qui sont prolongées dans la vieillesse.
    J’entends de nombreuses critiques sur le système de réservation de l’Opéra. Pour ma part c’est un des meilleurs que je connaisse et j’ai toujours réussi à avoir des places (pour R&J, ou Paquita, a priori des soirées « courues »).
    Je ne sais pas ce qu’on peut proposer de mieux pour répartir 2000 places x 10 soirées quand potentiellement des dizaines de milliers de personnes sont intéressées. Et pour les avant-premières à 10 euros c’est encore plus compliqué.
    A part augmenter les prix (c’est visiblement la stratégie choisie par l’Opéra). Tout le monde s’inscrit et on fait un tirage au sort?

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    1. ildanse dit :

      Chère Léa, première réponse: personnellement, moi aussi je trouve le système de réservation de l’Opéra franchement bien foutu. Aucun problème là-dessus. Le propos de l’article était plutôt de montrer que, contrairement à ce qu’on peut entendre sur le fait que le « jeune » ne s’intéresse pas aux arts lyrique et chorégraphique, dès qu’on lui propose un tarif qu’il peut s’offrir facilement la rupture de stock intervient au bout de quelques minutes d’hystéries aussi complète que pour aller voir un concert de Beyoncé ou de Mika, comme vous dites plus bas. Ce qui m’amène à mon deuxième point (réponse suivante 😉 )

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  2. Léa dit :

    Autre sujet. Je ne sais pas si l’Opéra fera une analyse du public des soirées à 10 €. Certes les jeunes sont plutôt fauchés et c’est aussi une bonne stratégie marketing pour donner une image accessible de l’Opéra, désinhiber certains qui ensuite reviendront en acceptant de payer 25 euros (au delà c’est vraiment une question de budget).
    Mais 1/ les jeunes (en tout cas certains) dépensent beaucoup plus de 10 € pour aller voir Beyoncé ou Mika, ça n’est donc pas seulement une question de prix. 2/ mes amis cadres sup de 25 à 28 ans payent leur place 10 € tandis que ma collègue au SMIC avec son fils ne viendra jamais à l’Opéra puisque cela lui coutera au moins 25 euros par personne. Le problème est insoluble car on ne va pas demander leur fiche de revenus aux gens mais j’avoue que cela me laisse un goût amer…
    J’ai vu qu’il n’y a pas de tarif enfants et ça c’est dommage. Certes un enfant occupe le même siège qu’un adulte, je comprends la logique économique (même prestation, même prix) mais ça décourage les familles (sauf si elles sont aisées) et c’est bien dommage…

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    1. ildanse dit :

      Il est certain que les enfants de cadres et professions intellectuelles supérieures ont un accès plus facile à ce type de représentation, ne serait-ce que parce qu’ils en sont informés plus facilement, a fortiori si ils sont franciliens. Cependant des statistiques ont été faites et partagées sur les réseaux sociaux par l’ONP: il s’avère que la majorité des spectateurs venaient pour la première fois à l’Opéra. Mon propos est donc de dire que pour faire venir les jeunes et moins jeunes et rendre l’Opéra « accessible » au plus grand nombre (puisque c’est le grand mot de la nouvelle saison), il n’y a pas de secret: il suffit de baisser les prix. ça nous évitera les scènes tragi-comiques des jours d’ouverture d’AP jeunes ! Ce qui, à mon humble avis, doit pouvoir être possible. Quant aux tarifs enfants, des tarifs « familiaux » ont été annoncés pour la saison prochaine: un bon point !

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      1. Léa dit :

        Merci pour ces infos factuelles. Ravie que les avant-premières attirent vraiment des « nouveaux venus » (à10 € on accepte mieux le « choc » culturel du triple bill?) et surtout pour le tarif familles !! Quelle bonne nouvelle.
        Allez un dernier effort : communiquer sur le nombre de places qui restent à acheter le soir même au guichet, pour pouvoir improviser un ballet (ou un opéra d’ailleurs) comme on improvise un ciné ou un resto. Parce que savoir en décembre si on ira au théâtre en avril, c’est assez peu dans la culture (ou les possibilités réelles) des jeunes. Heureusement qu’il y a leur très bonne bourse aux billets !!

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  3. Ceylina dit :

    Le problème c’est que pour avoir accès à certaines places, peu chères, pour des soirées intéressantes (au hasard les places a 25 euros pour Giselle 😉 ), c’est la guerre: il faut être un minimum organisé, se tenir au courant, prévoir ses soirées avec de l’avance… ce qui n’est pas forcement de le cas de tous les « jeunes » … Pourtant c’est dommage, c’est vrai que dans mon monde étudiant, j’en connais beaucoup qui rêvent de découvrir l’Opera, mais qui pensent que c’est hors de leurs moyens (alors que ça peut être accessible avec un peu d’organisation). Selon eux, la place a moins de 80 euros est plus ou moins un mythe…

    En plus de baisser les prix, si l’Opéra souhaitait vraiment s’ouvrir à un public de jeunes néophytes, il faudrait qu’ils aient la programmation adaptée… Les triple bill c’est mignon mais quand la seule chose dont on a entendu parler c’est le Lac, ça ne pousse pas à faire l’effort de se renseigner sur les tarifs, et du coup à s’ouvrir plus tard à un autre registre.

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    1. ildanse dit :

      C’est exactement ce que je disais à l’instant sur twitter 😉 Deux amis sont allés à Garnier pour la première fois la semaine dernière, le truc c’est que c’était pour le Bel/Millepied/Robbins. Quand on s’attend à de la danse « classique », ça fait tout drôle. Donc quand je leur ai dis avoir apprécié la soirée, la réponse a fusé: « oui mais toi t’as l’habitude ». On n’attire pas les mouches avec du vinaigre, ni le nouveau public avec du fond bleu ahah

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      1. Léa dit :

        Ca c’est aussi un bon sujet, un sujet de débat. Faut-il programmer 30 soirées Lac des Cygnes à 25 €/50 € max ? Ca aurait un effet radical sur l’ouverture à un nouveau public. Mais ça bloquerait les programmations de l’Opéra et notamment la création… Ceci dit le Lac des cygnes passe dans d’autres salles parisiennes quasiment tous les ans, mais c’est pas pareil… Création et diversité des oeuvres contre « diversification du public en ne dansant que les grands classiques », autre arbitrage sans doute insoluble sans mécontenter une partie du public.

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  4. il faut quand même avoir une bonne couverture santé si l’on doit tomber d’un pommier à chaque réservation ! c’est finalement peut être plus simple de faire monter la grand mère dans l’arbre en espérant la voir chuter au fond du puit, hériter et pouvoir ainsi sans souci s’offrir des places au parterre en toute indécence … oui je sais je suis horrible ! votre article m’a bien fait rire cher ami et je trouve vraiment plaisant de voir votre enthousiasme à vous démener pour trouver des places, et faire découvrir le monde merveilleux de la danse autour de vous … et à en juger par votre vitalité , je peux vous assurer qu’il durera bien après vos 28 ans… en tant qu’abonné il est possible de réserver avant l’ouverture des réservations des places pour les spectacles de l’Opéra si cela peut vous être utile n’hésitez pas , si je peux vous é
    viter de finir au fond d’un puit

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    1. Léa dit :

      Moi ce qui m’inquiète 😉 c’est que dans quelques années, des dizaines d’anciens jeunes surentrainés à la chasse à la licorne vont débarquer pour réserver des places normales !! On a du souci à se faire, va falloir qu’on s’exerce…
      Et non, pas d’abonnement. Déjà prévoir une date c’est rude, mais alors 5 dates (à plusieurs personnes)…

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    2. BA dit :

      Monsieur le vicomte…… je vous sais caustique, et j´aime bien, mais pouvant être ladite grand-mère…… 😉 !!!!!!!!

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      1. avec tout mon respect chère Madame 🙂

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  5. Layla dit :

    Par rapport aux triple bills, je trouve que c’est aussi aux gens de savoir ce qu’ils vont voir; ils ont peuvent voir une bayadère ou un « Jérome Bel » qui veut dire ce qu’il veut dire. L’opéra programme une variété impressionante de chorégraphes et de styles différents, pour qu’il y en ai pour tous les gouts, c’est sur qu’on pourrait programmer Le Lac des Cygnes en boucles mais je ne vois pas l’intêret. ça ne me viendrait pas à l’idée d’emmener des novices voir du Bel si je veux le faire découvrir le ballet classique ou sans au moins leur expliquer à l’avance en quoi ça consiste .

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    1. ildanse dit :

      Bien entendu Layla, en l’occurrence ce n’est pas moi qui leur ait conseillé d’aller voir ça car si ils m’avaient demandé mon avis je leur aurais recommandé autre chose… Mais je peux comprendre que même en se renseignant, il peut être difficile pour quelqu’un qui ne connaît rien à la danse de vraiment comprendre ce qu’il va voir sur scène !

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    2. Ceylina dit :

      Oui, je suis d’accord (de toute façon Bel, même pour les initiés, c’est assez déroutant). Mais le problème avec la programmation actuelle, c’est qu’il n’y a pas tant de choix que ça… On retrouve peu de ballets classico-classiques et narratifs qui donneraient envie aux néophytes absolus de découvrir le monde du ballet (pas forcement le Lac). Parce que faire découvrir à des novices l’Opéra sur un triple bill de danse pure et non narrative de 3h, avec uniquement des chorégraphes américains dont ils n’ont jamais entendu le nom, c’est un peu difficile (pour avoir essayé).

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      1. ildanse dit :

        Nous sommes donc d’accord 😀

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  6. BA dit :

    Je me suis bien amusée en lisant votre article ! J´ai une pensée émue pour kiki….
    J´ai eu l´occasion de réserver dans plusieurs théatres européens, l´OdP n´est pas le pire .
    Je repproche, pour des réservations « tout public » que l´on ne puisse pas voir d´emblée les places libres. Il y a quelques années on ne pouvait pas du tout voir les places libres et j´avais écrit a OdP pour m´en plaindre. Ils m´ont répondu a l´époque que la réservation prenait trop de temps si on pouvait voir toutes les places…. J´en suis tombée de ma chaise (sans rien me casser!). Depuis ils ont fait des progrès.
    Bonne chances a tous les jeunes pour les prochaines réservations !

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