Commes ils respirent de Claire Patronik- Le debrief

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A l’heure où j’écris ces lignes, cela fait quasiment deux semaines que je suis allé voir leur objet. J’ai eu du mal à déterminer ce que je devais penser de ce film. Après avoir réfléchi dessus tout ce temps, voici finalement mon avis.

Claire, Anne, Louise, Hugo et Claire étaient au collège ensembles en classe aménagées danse. Après des parcours différents, ils sont tous devenus danseur-euses. Sauf Claire (Patronik), qui fait du cinéma. Alors elle va retrouver ses petits camarades pour connaître leur vie de danseurs. Et en profiter pour recommencer la danse aussi. A partir de là, on suit donc le parcours, le quotidien, les expériences de ces artistes. Du cours à la répétition, de la loge à la scène, du café-clope à la console de jeu. Les danseurs se dévoilent sans fard, partageant les désillusions de leurs parcours, leur joies sur scène, leurs quotidiens.

Certains moments sont assez forts. Entendre Claire Tran parler de son désir déçu de devenir danseuse classique, la manière dont ce rêve s’est terminé, voir les larmes pointer encore dans les yeux d’une artiste qui s’éclate aujourd’hui en danse contemporaine. Voir la manière dont Hugo se reconstruit après une blessure. Entendre Anne parler de son rapport, parfois conflictuel, à la danse.

Ainsi, la grande force de ce film est de véritablement donner la parole aux danseurs, qui plus est à des danseurs qui ne sont pas vraiment enfermés dans une ligne de communication à tenir, qui parlent sans gêne de moments vraiment délicats dans leurs parcours et dans leurs vies d’artistes: les auditions, les concours, la pression, les problèmes financiers, la vie personnelle même…beaucoup de sujets sont évoqués, sans fausse pudeur.  

On l’aura compris, le cœur du sujet, ce sont eux. Ce n’est pas un film sur la Danse, mais un film sur les danseurs. Aussi les quelques moments de danse ne sont pas transcendants, ni particulièrement biens filmés. Voir danser Claire Tran est tout de même un plaisir, ses séquences dansées sont les seules à m’avoir vraiment marqué. Le fil rouge du film tient également dans le projet commun de ce petit monde: faire une chorégraphie-happening, que l’on voit à la fin. Un moment de danse distrayant, de jolies couleurs (du rouge, du rouge, du rouge !), mais bon, on ne décolle pas du strapontin.

En tout état de case, le néophyte apprendra des choses, sur la vie de danseur, un peu sur la danse, il sera content. Le fana retrouvera certains lieux (Oh, le cours de Wayne Byars ! Oh, le CNDC d’Angers ! Oh, Elephant Paname !), et comme le film a aussi le mérite de sortir des grandes compagnies (coucou l’Opéra de Paris), au fond on apprend des trucs aussi.

Le point dérangeant du film, c’est sa réalisatrice. Elle a fait le choix d’être derrière et devant la caméra, de s’inclure dans le groupe, pourquoi pas. Cela aurait même pu être intéressant. Le problème est que ce n’est pas fait de manière très fine: Claire Patronik se met en scène, on a l’étrange impression qu’elle s’aime beaucoup. Moi et ma reprise de la danse, prenant des poses artistiques devant un miroir (les cheveux détachés…comme me l’a fait remarquer une balletomane anonyme, PERSONNE ne danse les cheveux détachés !), moi dans mon cours de flamenco, la seule élève en robe rouge à pois blancs d’un effet douteux, moi en train d’essayer des pointes dans un magasin…c’est too much, en flirt avec la vulgarité, clairement on aurait pu s’en passer, ou du moins le faire différemment. A côté de ce que racontent les danseurs, les vrais, ces séquences tachent par leur manque de pertinence.

Celle qui en réalité aimante les regards dans ce film, vous l’aurez déjà deviné, c’est l’autre Claire (Tran). Non seulement elle passe bien à la caméra, elle est belle, sympathique, marrante, mais en plus c’est une artiste sublime en scène et qui se confie à cœur ouvert, plus peut être encore que ses camarades.  Les réalisateurs qui ont vu ce film ne doivent pas faire l’erreur de passer à côté de celle qui se projette dans le 7e art…tant qu’elle n’arrête pas la danse, ça me va !

Je conseille volontiers ce film à mes lecteurs pour qui le monde de la danse est encore un peu obscur, ils apprendront beaucoup de choses. Ceux d’entre vous qui sont déjà convertis passeront un moment intéressant, mais ne sortiront pas du cinéma en clamant avoir vu le film-danse de leur vie. Mais comme il est encore à l’affiche…aller, pourquoi pas !

 

 

 

2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Audrey dit :

    oui, OUI et encore OUI ! Je te suis sur toute la ligne évidemment, et c’est délicatement exprimé. Tu nous as fait attendre mais le résultat est là 😉

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