Saison 2017/2018 à l’Opéra de Paris : on va voir quoi ?

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Les spectateurs avertis que j’ai le plaisir de compter comme lecteurs ont sans doute mille et une réponses à cette question, mais toi, toi qui ne va jamais-à-l’Opéra-mais-qui-voudrais-tellement, toi qui veux t’organiser une virée à Paris et en profiter pour voir un ballet, toi qui veux faire un cadeau à un(e) ami(e) danseur-euse, toi qui est paumé face à cette programmation, voici mon modeste avis sur la saison de ballet que nous réserve l’Opéra de Paris pour 2017-2018.

Petit rappel coutumier : pour aller voir un ballet, et en être sûr, le mieux est de s’y prendre tôt, alors vite à vos souris pour cliquer sur la billetterie et, le cas échéant, noter les dates d’ouverture à la vente. En cas de déception, n’oubliez pas les trouvailles de la Bourse aux Places, ou le miracle d’une place de dernière minute…mais c’est alors à vos risques et périls.

Pour cette saison, j’ai décidé d’adopter une présentation en trois grandes parties: les ballets classiques qu’il ne faut rater sous aucun prétexte, les soirées contemporaines tout aussi inratables ou qui du moins mettront tout le monde d’accord, et le reste (à ne pas écarter tout de suite, mais qui ne conviendra pas forcément à tout les publics). Certains d’entre vous m’indiquent en effet qu’ils veulent spécifiquement voir des « ballet » au sens très propre du terme, donc pour éviter toute confusion, voici trois menus qui vous éviteront toute déconvenue. (NB: quand c’est possible, vous trouverez sur le nom du ballet un extrait vidéo pour vous donner une idée). 

Je rêve de ballet classique

Joyaux, de Georges Balanchine, du 19 septembre au 12 octobre à Garnier : Certains pinailleront peut-être sur la qualification de « classique » que j’attache à ce ballet. Un grand classique, Joyaux l’est assurément devenu, malgré (ou à cause ?) de son absence de narration. De plus, pour toi spectateur néophyte ou occasionnel, il y a tout ce qu’il faut pour ne pas être perdu : des tutus somptueux (signés Christian Lacroix), de la musique classique (par Fauré, Stravinski et Tchaïkovski), des pointes, des arabesques et tout et tout. Georges Balanchine y rend hommage à l’élégance de l’école française de danse (Emeraude), le dynamisme de l’école américaine (Rubis) et nous emmène dans un voyage vers la Russie éternelle (Diamants). Un must-see, avec d’intéressantes prises de rôle, à voir absolument.

Don Quichotte, de Rudolph Noureev, du 11 décembre au 6 janvier à Bastille : La seule et unique dose de Noureev de la saison sera, comme l’an passé, dispensée à l’occasion des fêtes de fin d’année. Impossible de louper Don Quichotte, ce grand ballet-spectacle qui nous emmène dans l’Espagne fantasmée par le XIXe, et où le Chevalier vient en aide aux amours contrariées de Kitri et Basilio, entre danses des toréadors, campement de gitans, apparition de Dulcinée et fête populaire. De la technique, des beaux costumes, de l’humour et de la bonne humeur dans cette oeuvre phare du répertoire à voir avec délice.

Onéguine, de John Cranko, du 10 février au 7 mars à Garnier :  Dans le rôle de la grande production néo-classique à costumes d’époque et fin larmoyante, voici Onéguine, adapté du roman éponyme de Pouchkine. Une grande histoire romantique qui ouvre un boulevard aux Etoiles de la compagnie pour montrer leurs talents d’interprètes et leur habileté dans les sublimes pas de deux, un ballet à la technique complexe et compliquée, moins spectaculaire pour le public peut-être mais entièrement au service de l’histoire pour que vous versiez votre petite larmichette à la fin. Bonus: c’est à Garnier, et le cadre conviendra parfaitement. Personnellement, j’en suis impatient !

La Fille Mal Gardée, de Frederick Ashton, du 25 juin au 13 juillet à Garnier : Une douceur champêtre pour finir la saison avec cette Fille Mal Gardée, au répertoire de l’Opéra dans la version de l’anglais Ashton, mais dansée à Paris depuis sa création au tournant du XVIIIe et du XIXe, ce qui en fait un des plus vieux ballet du répertoire. Une pastorale charmante et agréablement teintée de l’humour brittish, ou les amours contrariés des jeunes Lise et Colas. Pas de deux au rubans, charmante danse des sabots, poney (un vrai !) et bottes de foins, variations brillantes et charmantes, tout ce qu’il faut pour partir avec le sourire à l’assaut de l’été. 

Les soirées contemporaines à ne pas louper, l’assurance de sortir avec le cœur à 100 à l’heure

Ce soirées, souvent inégales, sont néanmoins à découvrir pour d’impérieuses raisons : elles comportent toutes un chef d’oeuvre qu’il serait criminel de louper. Ranger vos a-priori, sortez des pointes et de votre confort, et allez voir…

Balanchine-Teshigawara-Bausch, du 25 octobre au 12 novembre à Garnier : Revoici Balanchine avec Agon, une pièce beaucoup plus néo-classique, avec le grand retour de la chaussette blanche. Certains aiment, pour ma part c’est le type de Balanchine qui me laisse beaucoup plus indifférent, le plaisir sera plus esthétique que viscéral et pourrait être absent pour des spectateurs non-initiés. Saburo Teshigawara, un chorégraphe japonais très réputé, signera une création. On peut s’attendre à quelque chose de très contemporain, de très dépouillé, avec une poésie brute à laquelle tous n’adhèrent pas…ou peut être un coup de génie ? Nous verrons biens. En vérité, la véritable raison d’aller à cette soirée, c’est pour le Sacre du Printemps de Pina Bausch. Immense chef d’œuvre de la danse contemporaine, ce Sacre flamboyant, intense et rude ne laissera personne indifférent, et il faut le vivre (on ne parle même plus de le voir) une fois dans sa vie. Il suffit de lire le debrief que nous avait écrit Guillaume il y a 2 ans pour nous en convaincre.  

MillepiedBéjart, du 24 février au 24 mars à Bastille : Une soirée qui s’ouvre avec le grand retour de l’ami Benji, pour son Daphnis et Chloé. Pas le ballet du siècle, une oeuvre néo-classique sur la musique de Ravel qui ne fait pas crier au génie, mais enfin, de ce que j’ai vu de Benjamin Millepied, ce ballet-ci, consensuel et agréable, passe plutôt bien. Mais là encore, la raison ultime de se rendre à Bastille en mars, c’est pour admirer le Boléro de Maurice Béjart. Une table rouge incandescente, un ou une soliste, une armée d’hommes à ses pieds, une transe absolue, un coup de génie d’un de nos grands néo-classiques français: on y court !!

Orphée et Eurydice de Pina Bausch, du 24 mars au 6 avril à Garnier : Oui, Pina, encore une fois, mais Pina, toujours Pina…Opéra-ballet qu’elle a chorégraphié sur la musique éponyme de Gluck, ce grand ballet narratif contemporain nous fait redécouvrir le mythe qui en compose l’argument avec une force renouvelée par l’esthétique sans équivalent de la déjà mythique chorégraphe allemande. Une personne à voir sur cette série : Marie-Agnès Gillot, qui y fera ses adieux, a sans aucun doute marqué le rôle et qu’il faut admirer jusqu’au bout sur la scène de l’Opéra avant qu’elle ne la quitte pour d’autres projets.

Soirée Thierrée-Schechter-Pérez-Pite, du 19 mai au 8 juin à Garnier : Quelle soirée intrigante que ce quadruple-bill qui ouvrira l’été…James Thierrée, un artiste que je trouve des plus intéressant, fera une création dans les espaces publics, et contrairement aux précédentes expériences du genre je suis cette fois très curieux de voir ce qu’il proposera ! Je ne suis pas familier d’Hofesh Schechter et Ivan Pérez, so wait and see…Mais en tout état de cause, on vient pour The Season’s Canon de la divine, la merveilleuse, l’extraordinaire Crystal Pite. La création de ce ballet en septembre dernier a été un ouragan au milieu de Garnier, et agite encore les rêves des spectateurs (voir le #GiveUsThePite sur Twitter). Cette oeuvre d’une formidable puissance esthétique et émotionnelle se doit d’être redécouverte (pour mémoire, mon debrief ici). 

Les soirées pour plonger dans l’aspect contemporain des choses

Fatigué des grands classiques, pas fan de la pointe, envieux de découvrir de nouvelles choses ou d’aller voir des œuvres pointues et novatrices, c’est par ici que ça se passe. 

Play, création d’Alexander Ekman, du 6 au 31 décembre à Garnier : Je ne vais pas vous être d’une grande aide. Je ne connais pas Alexander Ekman, je n’ai jamais vu son travail, et on parle là d’une création donc toute recherche est condamnée à échouer dans une quelconque tentative d’expliquer cette oeuvre à venir. La brochure de l’Opéra nous apprend que Monsieur Ekman a de l’humour, qu’il fait des « pièces spectaculaires », et qu’il va suspendre des danseurs sur de grandes structures métalliques. Personnellement, ma curiosité est piquée !

Roméo et Juliette de Sasha Waltz, du 6 avril au 4 mai à Bastille : Attention, ne vous laissez pas avoir : il ne s’agit pas ici du Roméo et Juliette néo-classique d’un Noureev ou d’un MacMillan, mais d’une version contemporaine revisitée, sur une musique de Berlioz et non de Prokofiev. Je ne la connais pas et les quelques extraits vidéos que j’ai pu voir ne m’ont pas convaincu, mais ils sont clairement insuffisants. En l’état, j’en reste à un « pourquoi pas ? », mais qui pourrait intéresser les amateurs d’histoires tragiques et/ou de danse contemporaine.

Spectacle de l’Ecole de Danse, du 13 au 18 avril au Palais Garnier : Une soirée très XXe siècle pour les Petits rats, qui danseront Suite de Danses d’Ivan Clustine (musique de Chopin), Un Ballo de Jiri Kylian (Ravel) et Spring and Fall de John Neumeier (Dvorak). Un programme très intéressant pour le passionné, l’occasion de découvrir de jolies œuvres et les talents artistiques des jeunes élèves sous un angle tout particulier, mais que je ne conseille pas à tout le monde.  

Soirée Anne-Teresa de Keersmaeker, du 27 avril au 12 mai au Palais Garnier : Une programmation aux allures de resucées, avec cette soirée donnée à l’identique lors de la saison 2015-2016. Si je ne l’avais pas debrieffée, je l’avais plutôt appréciée sans qu’elle me laisse un souvenir impérissable. Le Quatuor n°4, ou variations pour quatre jeunes écolières débridées, est intéressant mais je n’irai pas plus loin. De même pour Die grosse Fuge. J’avais en revanche beaucoup apprécié Verklärte Nacht, une pièce beaucoup plus sensible et esthétique. Là aussi, « pourquoi pas ».

Voilà voilà, vous n’avez plus qu’à vous rendre sur le site de l’Opéra pour prêter garde aux dates d’ouverture (attention, ça arrive trèèèès vite) ! 

12 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. A.D dit :

    Bonsoir, merci cet article ! Je voulais juste dire pour Roméo et Juliette de Sasha Waltz, que c’est le tout premier ballet que j’ai été voir en 2012, alors qu’à l’époque je ne connaissais encore rien au monde de la danse, et c’est grâce à ce ballet que je suis tombée amoureude de l’Opéra de Paris et de la danse de manière générale ( et aussi d’Aurélie Dupont et Hervé Moreau qui dansaient ce soir la ^^), sachant que d’habitude je préfère le classique au contemporain, je pense que ce ballet vaut vraiment la peine d’être vu !

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    1. ildanse dit :

      Merci pour votre commentaire A.D, très instructif ! Pour ma part, j’espère pouvoir juger sur pièce 😉

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  2. Alab dit :

    Il n’y a pas de poney dans la version de la fille mal gardée de l’opéra de Paris… Vous vous obstinez à commenter des oeuvres que vous n’avez jamais vues : ce n’est pas parce que vous vous adressez à des gens qui n’y connaissent pas grand chose qu’il faut parler sans connaitre. Même les classiques (Don Quichotte, Joyaux) et Onéguine (que vous mettez dans le classique alors que c’est un néo) que vous commentez, je suis sûr que vous ne les avez jamais vus en vrai. Au mieux des extraits sur Youtube. Tous ces articles qu’on trouve sur le Net sont vraiment de mauvaise qualité.

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    1. BA dit :

      Lorsque j´ai vu la fille mal gardée il y avait un poney ….c´était il y a quelques années, la ligue de protection des animaux est peut être passée par là.
      Joyaux c´est quand même très classique…. même Rubis qui est le moins classique des trois.
      Quant a Oneguine Il danse le classe comme néo-classique… il faudrait peut être lire avant de critiquer.
      J´imagine que vous avez vu toutes les productions existantes dans toutes leurs versions et avec toutes les distributions possibles, tant mieux pour vous mais ce n´est pas une raison pour essayer de gâcher mon plaisir.

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      1. ildanse dit :

        Merci BA de répondre à ces commentaires, j’aurais pas dit mieux, mais personnellement j’arrête de prêter attention à ce type de commentaire 😉

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  3. Fanny Elssler dit :

    Il n’y a pas de version « Opéra de Paris » de La Fille mal gardée, mais une version Ashton de La Fille mal gardée, dansée par de nombreuses compagnies, parmi lesquelles l’Opéra de Paris depuis 2007. Et si, elle comporte un poney.

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  4. Everest dit :

    Le mot danseur-euse est il rentré dans le Larousse 2017, en tout cas bon nombre de blogs comme le votre s’obstine a jouer avec l’orthographe bien dommage pour notre langue.

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    1. BA dit :

      Votre pseudo vous va très bien……vous étes vraiment pointu : un(e) ami(e) n´existe pas plus que danseur-euse mais au moins c´est du francais. Je suppose que vous n´abréviez jamais un mot.

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    2. Léa dit :

      Comme bon nombre de commentateurs s’obstinent à faire des remarques (comme la vôtre) linguistiques elles-mêmes pleines de fautes de conjugaison et de grammaire tout en négligeant la ponctuation, bien dommage aussi pour notre langue.

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  5. Ah la la ! Vous me faites tellement regretter de n’avoir pas pris de places pour Onéguine et pour La Fille mal gardée dans mon abonnement !

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  6. MarionM dit :

    Il y a un vrai poney dans la fille mal gardée version ONP !

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  7. Léa dit :

    Merci pour ce premier regard…. Vous pensez vraiment qu’on peut proposer Joyaux à des néophytes? La dimension narrative reste malgré tout un élément important pour faire découvrir la danse de manière « facile » à ceux qui n’ont jamais mis les pieds au ballet. J’ai donc joué la sécurité en proposant plutôt Don Quichotte, mais il est vrai que ça devient difficile d’avoir un grand ballet narratif ET le Palais Garnier. Je n’avais pas fait attention à Onéguine qui répond à cette double exigence, trop tard. Mais il m’a semblé aussi que la brillante technique Nouréevienne convenait mieux à une découverte que le néo-classique même très complexe…

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