La Saison 2015-2016 à l’Opéra de Paris : on va voir quoi ?

Souvent des amis me demandent conseils pour savoir ce qui vaut la peine d’être vu à l’Opéra. Déjà, tout vaut la peine d’être vu, et ensuite, ça dépend des goûts de chacun. Mais bon, voilà ce que je peux vous dire de cette première programmation de Benjamin Millepied :

20 danseurs pour le XXe siècle, Boris Charmatz, au Palais Garnier du 22 septembre au 11 octobre : Voilà une manière intéressante d’ouvrir la saison d’une institution du ballet classique. Benjamin Millepied chamboule les codes, en proposant une œuvre multidimensionnelle : non pas sur la scène de l’Opéra Garnier, mais dans ses espaces publics, le spectateur sera invité à circuler à la rencontre de différents solos du XXe siècle qui seront proposés et interprétés par la compagnie. Bémol : on n’a aucune idée de ce qui sera présenté exactement. Mais bon, pourquoi pas, pour le plaisir de voir de la danse dans le Grand Foyer ou le Hall d’entrée. En plus il est au tarif unique de 15€. Un spectacle qui promet d’être conceptuel, et j’aurai donc tendance à conseiller l’abstention au public non-averti.

Soirée Robbins/Millepied/Balanchine, au Palais Garnier du 22 septembre au 11 octobre : Une série de soirées qui promet d’être assez sympas, du moins pour les balletomanes, mais malgré tout inégale. Le public néophyte pourra néanmoins y trouver son compte dans la technicité et la poésie que la compagnie devra déployer. Millepied entend ouvrir sa saison française par un hommage à ses maîtres américains, et par une de ses propres créations. Opus 19/The Dreamer, de Jérome Robbins sur une musique de Prokofiev, entre au répertoire de l’Opéra à cette occasion. Un ballet qui me fait saliver: j’aime personnellement beaucoup Robbins, qui a une danse très élégante qui à mon goût va très bien au ballet parisien. Le thème est celui d’un Rêveur, qui vit son rêve en scène. Un ballet psychologique donc, qui demande d’être servi par une forte figure masculine. Je vois bien Joshua Hoffalt et, plus sombre, Stéphane Bullion proposer de belles choses, Mathieu Ganio sera formidable, et un éventuel retour de Jérémie Bellingard ?

La création de Millepied sera une pure surprise : bonne ou mauvaise, nul ne saurait le dire, ce qui est sûr c’est que toute la presse en parlera et que vous pourrez dire que vous l’aurez vu !

Enfin Thèmes et Variations de Georges Balanchine, sur Tchaïkovsky, sera un déchaînement de pure technique classique. Un ballet-spectacle à 100%, sans prise de tête ni questionnements métaphysiques. Mais bon, ça ne m’emballe pas plus que ça…

Le Gala de l’Opéra de Paris, le 24 septembre : censé être l’ouverture de la saison, mais seule l’Arop vendra les places, probablement très cher. Le Défilé sera donné, mais pour l’unique occasion de la saison, et la belle Marche des Troyens de Berlioz a été abandonnée pour l’Entrée des Invités de Wagner, un peu trop bourrine à mon goût. Dommage.

Soirée Anne-Teresa De Keersmaeker au Palais Garnier , du 21 octobre au 8 novembre : Anne-Teresa De Keersmaeker est une chorégraphe reconnue, mais sur le plan contemporain. Sont proposées ici trois de ses œuvres, chorégraphiées sur de la musique classique (Bartók, Beethoven et Schönberg). Un très beau travail, les amateurs de contemporain apprécieront, mais jugeront peut-être l’interprétation de l’Opéra de Paris un peu fadasse. Pourquoi pas…classicistes purs s’abstenir.

La Bayadère, de Rudolph Noureev à l’Opéra Bastille, du 17 novembre au 31 décembre : Enfin la première série purement classique de la saison, et pas n’importe laquelle. Noureev a durablement marqué l’Opéra de Paris, et la Bayadère est son dernier legs, peu avant son décès. Un ballet splendide, très beaux costumes et décors, un grand divertissement qu’il FAUT ALLER VOIR. Inutile d’en discuter des plombes, il n’y a aucune hésitation sur le sujet. Ludmilla Pagliero et Joshua Hoffalt, nommés étoiles dans ce ballet lors de la dernière série, reprendront probablement leurs rôles. En bonus : une nomination pour François Alu qui promet d’être un très beau Solor ?

Soirée Wheeldon/McGregor/Bausch au Palais Garnier du 1er au 31 décembre : A l’opposé de la Bayadère, une soirée sous le signe du renouveau de la danse. Entrera au répertoire Polyphonia de Christopher Wheeldon : je ne connais pas des masses le chorégraphe, mais ce que j’ai vu de cette pièce ne m’a pas l’air désagréable. En un mot : du classique contemporain. Sans transcendance non plus. PAR CONTRE, une création de Wayne McGregor, et là je dis OUI ! Chorégraphe très intéressant, qui colle assez bien à l’Opéra. Enfin le Sacre du Printemps par Pina Bausch, c’est un moment de danse contemporaine fort qui ne laissera personne insensible…mais il faut aimer ! Une soirée qui éveille ma curiosité à titre personnel…

Soirée Bel/Robbins au Palais Garnier du 5 au 20 février : Une soirée néo-classique, avec une création et une entrée au répertoire. Jérôme Bel avait présenté il y a quelques années une pièce, Véronique Doisneau. La scène était occupée par Véronique Doisneau, seule. Cette danseuse, Sujet du ballet de l’Opéra, racontait sa vie d’artiste et d’interprète, à quelques jours de la retraite. C’était très beau et émouvant, j’espère qu’on aura quelque chose d’aussi sensible. Les Variations Goldberg, de Jérôme Robbins sur la musique de Bach, pourrait être une réussite, mais à première vue ce ballet m’attire moins que les autres créations de Robbins. Une soirée surprise là encore…

Iolanta-Casse Noisette au Palais Garnier du 7 mars au 1er avril : Un opéra et un ballet dans la même soirée. Intéressant, dommage que ce ne soit pas un opéra-ballet à part entière ! L’idée est de réunir ici deux œuvres de Tchaïkovski que le compositeur a créé pour qu’elles soient données ensemble. Beau geste. Je ne peux rien dire pour l’opéra, mais pour le ballet…je ne suis pas transporté, bien que mon intérêt est piqué. Ce n’est pas la traditionnelle version de Noureev qui sera donnée, mais une nouvelle œuvre par 5 chorégraphes, dont Benjamin Millepied. Donc j’ai envie de voir, mais en même temps j’ai un peu peur : toucher à Casse-Noisette, c’est pas un peu sacrilège ? Rassurons-nous, ce ne sera pas un massacre (en principe…), mais ça ne restera pas comme la meilleure idée de cette saison (en principe aussi…).

Roméo et Juliette de Rudolph Noureev à l’Opéra Bastille du 19 mars au 16 avril : Second ballet classico-classique de la saison. Bon bah c’est Roméo et Juliette, ça marche toujours le bon gros drame shakeaspirien : de l’amour, des larmes, une fin dans un bain de sang…Un beau ballet, mais à mon sens avec des longueurs (le ballet dure 3 heures). Et à quelques exceptions près dans ce ballet, je ne suis pas un fan invétéré de la musique de Prokofiev. Néanmoins cela on aura l’occasion de voir des solistes déployer tout leur art pour cette œuvre complète sur le plan technique comme artistique. La danseuse notamment doit proposer une belle évolution de son personnage : si elle prend un peu d’assurance, je vois d’ici Léonore Baulac comme une super Juliette. A voir donc !

Soirée Ratmansky/Balanchine/Robbins/Peck au Palais Garnier du 22 mars au 5 avril : ENCORE une soirée américaine. Seven Sonatas d’Alexeï Ratmansky est un piège pour la compagnie : c’est une pièce mignonne, mais sans plus, et elle le restera si la compagnie ne lui injecte pas un supplément d’âme. Duo Concertant de Balanchine ne me dit rien de spécial. Jérôme Robbins retrouve Chopin dans Other Dances, là encore la compagnie en fera quelque chose de très bien ou de juste distrayant. Enfin je n’ai trouvé aucune source sur In crease de Justin Peck. Une soirée qui, je le sens, risque d’être un peu décevante.

Les applaudissements ne se mangent pas de Maguy Marin au Palais Garnier du 25 avril au 3 mai : Grosse inconnue sur ce ballet. Je n’en saurai rien dire, je me garderai donc bien de le faire. Mais il est peu probable que je le fasse un jour car il est tout aussi peu probable que j’aille le voir.

Giselle, de Jean Coralli, au Palais Garnier du 27 mai au 14 juin : A aller voir ABSOLUMENT. Giselle a été créé à Paris, c’est l’archétype du style français, du beau romantisme, un livret de Théophile Gautier, une très belle danse, une musique qui personnellement me parle beaucoup, un boulevard d’interprétation pour la compagnie, et cet acte blanc si SUBLIME. Un de mes ballets préférés.

Soirée Peck/Balanchine à l’Opéra Bastille du 2 au 15 juillet : Une création de Justin Peck sur laquelle je ne peux dire grand-chose. En revanche, Brahms-Schoenberg Quartet de Balanchine m’attire…une très belle musique et des costumes sympa, qui nous emmène vers la Hongrie et un jolie mélange de danses de caractère, classique et de style américain. Du peu que j’ai pu trouver sur internet. Suffisamment pour piquer ma curiosité…

Soirée William Forsythe au Palais Garnier du 4 au 16 juillet : OMG FORSYTHE DEVIENT CHOREGRAPHE ASSOCIE DE L’OPERA DE PARIS ! J’adore Forsythe. C’est du classique réinventé, c’est la technique des danseurs poussée à leur maximum vers l’esthétique la plus pure. Trois ballets : une nouvelle version d’Approximate Sonata, une entrée au répertoire (Of Any if And) et une création. A aller voir, pour les classicistes purs c’est une très jolie entrée vers quelque chose de plus contemporain.

Bonus : Sont invitées cette année la Batsheva Dance Company avec Three (pourquoi pas), la compagnie Rosas d’Anne-Theresa De Keersmaeker…au centre Georges Pompidou (mouais…) et l’English National Ballet avec Le Corsaire (ouuuiiiiiii !!!!). De plus l’Ecole de Danse proposera comme chaque année ses démonstrations (des leçons de danse sur scène) et son spectacle (toujours de grande qualité pour de si jeunes danseurs).

7 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Olivier dit :

    Sympa ce blog
    Je ne suis pas danseur, mais je suis un spectateur qui apprécie la danse
    J’ai prévu de voir la moitié des spectacles listés ci dessus
    Mais il y a aussi des choses sympa à Chaillot, au Châtelet ou dans d’autres lieus
    Peut être un jour l’occasion d’échanger nos impressions après un spectacle à l’Opéra
    Bonne continuation

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    1. ildanse dit :

      Merci Olivier, nous nous croiserons peut-être alors ! En effet l’Opéra n’est pas le seul lieu où voir de la danse à Paris, mais je dois admettre que c’est ce que je connais le mieux…Où que soit la représentation, échanger avec vous sera un plaisir !

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